Claude Henaff

Article de Claude HENAFF, Président de Colibri

 

PALESTINE ISRAEL
 
Le but de cet article est de répondre aux multiples questions qui ont surgi pendant le séjour des jeunes Palestiniens accueillis au mois de novembre 2008. Après les différentes interventions et animations assurées par les jeunes d’AJIAL, très souvent les gens posaient des questions, où il apparaissait qu’ils n’avaient pas saisi ou compris une partie des interventions parce qu’ils n’arrivaient pas à s’y retrouver entre Palestine, Israël, Liban, camp de réfugiés, territoires occupés, et avaient du mal soit à situer la région, soit à comprendre le pourquoi de la situation actuelle
Ceci est devenu encore plus flagrant pendant l’invasion de la bande de Gaza par Israël en décembre 2008, des personnes nous demandaient dans quelle situation se trouvaient les jeunes, s’ils ne risquaient rien, s’ils allaient bien, alors qu’ils venaient des camps de réfugiés du Liban.
 
HISTOIRE :
 
Les patriarches : Ce sont les trois premiers représentants de la lignée d’où est issu le peuple d’Israël et dont l’histoire est racontée dans la Genèse.
 
1800 Av J.C., Abraham, Isaac et Jacob. Abraham, fils de Térah, descendant de Sem, fils de Noé, quitte sur injonction divine, la Chaldée (Ur, en Mésopotamie l’actuel Irak) pour gagner Canaan (actuels Liban et Palestine), et Dieu scelle avec lui une alliance, il lui promet une descendance nombreuse qui héritera de la terre vers laquelle il a migré.
Abraham et Sarah donnent naissance à Isaac. Isaac épouse Rebecca qui lui donne des jumeaux, Jacob et Esau. Jacob, après confrontation avec son frère, part en Mésopotamie, se marie à Léah et à Rachel, et ses deux épouses lui donnent les douze fils qui seront à l’origine des douze tribus d’Israël qui rejoignent Canaan.
 
1500 Av J.C., départ pour l’Egypte de Jacob fuyant la famine en Canaan, les hébreux, (les douze tribus issues de Jacob) sont réduits en esclavage.
 
1300 Av J.C., sous la conduite de Moïse, les hébreux quittent l’Egypte. Josué successeur de Moïse entreprend la conquête de Canaan dont le territoire, réparti sur les deux rives du Jourdain, est partagé entre les tribus.
 
1175 Av J.C , les Philistins, « peuples de la mer », originaires de la mer Egée, envahissent la zone côtière de Gaza. Ils laissent leur nom à la Palestine.
 
1020 Av J.C., le prophète Samuel sacre Saül, de la tribu de Benjamin, premier roi d’Israël. Son règne est une longue suite de guérillas contre les Philistins. David successeur de Saül, réussit à réunir les douze tribus et son fils Salomon lui succédant fait construire le premier temple à Jérusalem. A sa mort son royaume se scinde en deux, Juda au sud et Israël au nord.
 
722 Av J.C., ruine du royaume d’Israël sous l’assaut des Assyriens.
 
586 Av J.C., le royaume de Juda succombe sous l’assaut des Babyloniens, destruction du temple de Jérusalem.
 
332 à 142 Av J.C., la Palestine est placée sous domination Hellénistique.
 
63 Av J.C., conquête romaine de la Judée, gouvernée par la dynastie juive hasmonéenne issue des Maccabées, et en 70 deuxième destruction du temple de Jérusalem par les troupes de l’empereur romain Titus, ce qui provoque les premiers mouvements diasporiques.
 
92 Après J.C., le royaume de Judée est intégré à la province romaine de Syrie.
 
212 Après J.C., Palmyre (Syrie) devient une colonie romaine et un centre militaire romain face au royaume parthe
 
IV Siècle Le christianisme devient religion officielle de l’empire romain avec la conversion de l’empereur Constantin 1er.
 
VII au VII Siècle L’expansion de l’Islam bouleverse la vie des communautés juives de Bagdad à Cordoue.
Succession des dynasties arabes : Omeyyades, Fatimides, Seljoukides, Ayyoubides.
 
1096 Date du début des premières croisades.
 
1200 Mort de Salah ad Dîn (Ayyoubide) et guerre de succession entre ses héritiers, son frère prend le pouvoir en Egypte.
 
1250 Révolution des Mamelouks (Turco-Egyptien) au Caire Le pouvoir est pris par le mamelouk Aibeg . Les mamelouks dominent désormais tout la région, jusqu’à la prise de pouvoir par les Ottomans au début du XVI siècle.
 
1291 St Jean D’Acre tombe aux mains des Mamelouks (Egypte) C’est la fin de la présence croisée au Proche Orient.
 
1516 Les Ottomans enlèvent aux Mamelouks les terres qui s’étendent de la Méditerranée à l’Euphrate et du Taurus au Sinaï.
 
 
LE MANDAT BRITANNIQUE :
A la fin du XIX siècle, l’ancienne Terre Sainte, située entre le Jourdain et la Méditerranée connaît de profonds bouleversements. Ce petit territoire jusqu’alors oublié de l’empire ottoman est peuplé en 1880 par 400.000 musulmans, 44.000 chrétiens et 24.000 juifs.
Jusqu’en 1918 toute la région du proche orient était sous domination ottomane (turque) et les pays actuels n’étaient que des provinces de l’empire et ceci depuis quatre cent ans. A la fin de la grande guerre de 14-18, après la victoire des alliés, il y a eu le partage d’une partie de l’empire turc, la France obtenant mandat sur ce qui allait devenir le Liban et la Syrie, et la Grande Bretagne sur l’Irak et la Palestine.
 
En 1896 Theodor Herzl journaliste juif hongrois, vient à Paris couvrir pour son journal le procès de l’affaire Dreyfus. Bouleversé par l’affaire, il rédige un livre «L’Etat des Juifs » et en août 1897, il réunit le premier congrès juif mondial à Bâle. Tirant leur nom de Sion, une colline de Jérusalem, les sionistes revendiquent pour le « peuple juif » un « foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement». Mais ce projet, Herzl le sait, n’a de chance d’aboutir que s’il bénéficie de l’appui d’une grande puissance. C’est en vain que le fondateur du sionisme tentera de convaincre le sultan Ottoman, l’empereur d’Allemagne, les ministres du tsar de Russie ou le Pape Pie X.
En 1904 le fondateur du sionisme se tourne vers Londres, mais sans résultat, il décède en 1908. Neuf ans plus tard, Haïm Weizmann réalisera son rêve. Car le gouvernement de Grande Bretagne, en pleine guerre mondiale, a besoin de l’appui des Juifs : dans l’immédiat pour garantir l’engagement des Etats Unis et de la Russie contre l’Allemagne ; et à plus long terme, pour se donner un atout supplémentaire en vue du dépeçage de l’ empire Ottoman. D’où la fameuse déclaration de lord Balfour du 2 novembre 1917 : « Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives » (Lesquelles regroupent 90% de la population de la Palestine à l’époque.)
Et, forts du mandat qui leur sera confié en 1922 sur l’Iraq et la Palestine les britanniques tiennent parole sur le premier point. Grâce à l’administration britannique, la communauté juive de Palestine devient un Etat dans l’Etat. Les chiffres ne sauraient mentir : de 1922 à 1946, Le nombre de juifs grimpe de 84000 à 608000, c’est à dire d’un dixième à un tiers de la population totale.
Seule limite à cette expansion : la résistance des Arabes de Palestine. Elle se manifeste de plus en plus massivement et violemment, à la mesure de l’immigration juive grossie par la montée du péril nazi. Aux premiers heurts sérieux de 1921 et de 1929 succède, de 1936 à 1939, une insurrection qui prend vite des allures de guerre civile. Aidée par les forces juives, l’armée britannique mate la révolte. Mais le Foreign Office infléchit sa politique, pour ne pas rejeter le monde arabe, heurté par le sort de ses frères de Palestine, dans les bras de Hitler. C’est le « livre blanc » de 1939, Londres limite l’immigration juive à 75000 personnes en cinq ans, restreint l’achat de terres et promet d’amener dans les dix ans la Palestine à l’indépendance avec au maximum un tiers de Juifs.
Les politiciens britanniques tenteront vainement, une fois la seconde guerre mondiale terminée, de s’accrocher à ce plan. Mais au sortir de la guerre, la vision d’horreur des camps de la mort, la découverte de l’étendue du désastre, tout cela investit les thèses sionistes pour que cela ne se reproduise pas, il faut aux juifs une terre à eux. Conscients des avantages que leur offre la situation, les dirigeants du futur état d’Israël sauront les utiliser au mieux. Contre l’occupant britannique ils organiseront une résistance qui ira crescendo, n’hésitant pas à recourir au terrorisme.
Le 22 juillet 1946, à Jérusalem, un attentat contre le siège du mandat fait une centaine de morts, pour l’opinion britannique c’est trop. Le Royaume-Uni n’a plus les moyens financiers d’entretenir 100 000 hommes en Palestine
Le 18 février 1947, après l’échec d’une ultime conférence judéo-arabe, le gouvernement travailliste décide de porter le problème dans son ensemble devant les Nations Unies.
A la mi septembre 1947 s’ouvre à New York le deuxième session ordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU. A la mi novembre il faut conclure : Londres confirme sa décision de sortir définitivement du « bourbier » palestinien, le 13 novembre elle annonce que le dernier britannique quittera la terre sainte le 1ER Août 1948.Tour à tour, les américains puis les soviétiques se prononcent officiellement pour le plan de partage proposé par la commission spéciale sur la Palestine (Unscop). Après deux votes (au premier ayant manqué une voix), et de multiples pressions et menaces, le 29 novembre 1947, L’Assemblée Générale ratifie le partage de la Palestine contre l’avis des pays arabes (Par 33 voix contre 13 et 10 abstentions). Le lendemain la guerre judéo-palestinienne qui va ravager le pays a commencé et va durer jusqu’au 14 mai 1948 (Date de la proclamation unilatérale par Ben Gourion de la création de l’état d’Israël)La fin du mandat britannique, le partage de la Palestine et l’entrée des armées arabes en Palestine le 15 mai 1948 (Liban, Syrie, Iraq, Egypte, Jordanie) établissent une nouvelle donne. Dans la guerre qui s’engage, les palestiniens, désorganisés par les britanniques depuis les années trente, n’ont pas d’armée. Les forces en présence sont totalement disproportionnées : les armées arabes sans coordination ont un armement inefficace, et seule la légion arabe jordanienne, pourrait présenter un danger si la Jordanie et les dirigeants juifs n’avaient pas conclu un accord au terme duquel les forces jordaniennes respecteront à la lettre le plan de partage de l’ONU. Les responsables juifs sont donc assurés que la seule force arabe susceptible de constituer un danger n’attaquera pas le territoire accordé aux juifs. (la Jordanie après tractations secrètes menées par Golda Meir, doit récupérer la Cisjordanie après le conflit.), après plusieurs mois de guerre, suivront plusieurs signatures d’armistices séparés jusqu’au 20 juillet 1949.
 
L’EXODE PALESTINIEN :
Au cours de ces combats, naît le « problème palestinien », 800.000 Palestiniens quittent leur foyer. Les conditions de ces départs ont longtemps été occultés par une propagande israélienne affirmant que si la population a fui, c’est parce que les dirigeants arabes l’ont exhortée à le faire. Grâce au travail des historiens essentiellement israéliens, on sait aujourd’hui qu’il n’en a rien été et qu’il s’est agi essentiellement d’expulsions.
 
L’historien Benny Morris propose de diviser l’exode de la population arabe en cinq vagues, d’ampleur très inégale d’ailleurs : la première se déroule de décembre 1947 à mars 1948 ; la seconde déferle d’avril à juin ; la troisième couvre juillet et août ; la quatrième se prolonge en octobre et novembre ; enfin la cinquième s’étend de décembre 1948 à 1951.
 
La première vague semble de prime abord, la moins massive : Benny Morris l’évalue à 70.000 personnes. Pour l’essentiel, il s’agit de palestiniens aisés habitant les villes et désirant éviter un affrontement généralisé qu’ils jugent inévitable. Car, dès le lendemain du plan de partage, les incidents se multiplient. En janvier 1948 des milices palestiniennes et des volontaires arabes peu nombreux arrivent à couper des routes, isoler des villes et fin Mars, Jérusalem est coupée de la plaine. Des massacres ont lieu et l’ONU fait état de 869 personnes tuées fin février 1948.
 
La deuxième vague de l’exode palestinien beaucoup plus massive se produit en avril, mai, juin 1948. Elle résulte du changement de stratégie de la Hagana (principale armée juive) qui a décidé de sortir de la défensive et l’opération Nahshon destinée à rouvrir la route de Jérusalem doit être le prélude d’une offensive militaire tous azimuts, baptisé « Plan Dalet » .Chaque étape de la contre-offensive juive provoque une fuite éperdue de la population arabe, laissée le plus souvent sans défense par des groupes armés palestiniens sous-équipés
«  L’essence du plan Dalet était de nettoyer le territoire futur de l’Etat juif de toutes les forces hostiles ou potentiellement hostiles »
Après l’échec de l’assaut palestinien contre le kibboutz de michmar haemek, les dirigeants de celui ci, viennent voir Ben Gourion, pour lui dire qu’il est impératif d’expulser les arabes et de brûler leurs villages. Cette mission exécutée par la Hagana sera complétée par l’Irgoun (milice) à la mi-Mai, procédant à la destruction des villages dans des zones stratégiques ou situés le long des routes cruciales sans tenir compte du fait qu’ils avaient ou non résisté.
L’exode ainsi déclenché est évidemment décuplé par la nouvelle du massacre de Deir Yassine le 9 avril 1948. Les miliciens juifs assassinent de sang froid, maison après maison, 250 habitants de ce village pourtant en paix.
Au nord, Tibériade tombe le 18 avril, les britanniques ont évacués 4.000 arabes, effrayés par les victimes civiles de la prise des villages environnants et les premiers dynamitages des maisons du centre ville. Quatre jours plus tard la Hagana s’empare de Haïfa la ville se vide il ne restera que 4.000 des 70.000 habitants arabes.
Le 25 Avril à Jaffa l’Irgoun bombarde la ville pendant une semaine, à l’issue de cette semaine, il ne reste que 5.000 habitants sur 80.000, se poursuit la prise de Safed, de Beisan, et à la mi-mai les deux tiers des habitants de Saint Jean d’Acre sommés de choisir entre la reddition ou le suicide vont grossir les flots des exilés. A cette date, 391.000 palestiniens ont déjà quitté le territoire alors aux mains d’Israël.
 
La troisième vague de l’exode palestinien commence le 9 juillet. L’opération Dani, mobilise près de la moitié de la nouvelle armée avec pour objectifs Lydda et Ramleh,
Benny Morris, estime que les opérations contre les deux villes étaient conçues pour pousser les populations à la panique et à la fuite. Le 12 après une escarmouche, les soldats israéliens se livrent à une violente répression : 250 civils palestiniens y trouvent la mort. En moins d’une semaine le futur état d’Israël s’est ainsi débarrassé de quelques 70.000 civils palestiniens.
 
La quatrième vague partira du Sud et du Nord, la percée israélienne dans le Néguev
S’accompagne presque partout, d’actes d’expulsion, c’est en particulier le cas lors de la prise de Beersheba le 21 octobre, la plupart des habitants fuient lors des combats, et quelques jours après la conquête, le reste de la population, constituée de femmes, d’enfants et de malades est expulsée vers la bande de Gaza.
A Isdud et à Hamama, même scénario, entre temps au sud d’Hébron un épouvantable massacre s’est déroulé à ad-Dawwayima qui, comme celui de Deir Yassine, accroît la panique et amplifie la fuite de la population arabe. Ainsi, au terme des batailles de octobre et novembre le nombre des réfugiés dans la bande de Gaza est passé de100.000 à 230.000.
 
La cinquième vague de l’exode regroupe en fait les expulsions et transferts intervenus entre novembre 1948 et juillet 1949, à l’occasion d’actions de l’armée israélienne pour « nettoyer » les frontières du nouvel Etat. Ainsi dans le nord, le quartier général israélien décide de rayer de la carte tous les villages arabes situés sur une bande de cinq à quinze kilomètres de la frontière avec le Liban. Les uns sont expulsés vers le pays du Cèdre, les autres plus au sud en Galilée. De fait, selon les statistiques, le nombre de palestiniens expulsés ou convaincus de s’en aller tout au long de cette période se situe entre 20.000 et 30.000 personnes.
 
Au total, en 1948 il est recensé, par l’Office des réfugiés de Ramallah, le nombre de 766.000 réfugiés, dispersés entre Gaza, Jérusalem, Naplouse, Bethléem, Syrie, Jordanie, Irak, Egypte et dont 100.000 au Liban.
 
Le 11 décembre 1948 L’Assemblée Générale des Nations Unis déclare :
« Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que les indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ce qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout ce qui est perdu ou endommagé. »
Déclaration 194 (III).
Le lendemain du vote, le gouvernement israélien adopte « La loi d’urgence relative aux propriétés des absents. »
Le texte précise que seront considérés comme absents, tous les arabes ayant quitté leur lieu habituel de résidence entre le 29 novembre 1947 et le 1er septembre 1948, soit pour se rendre hors de Palestine, soit pour gagner les zones de Palestine occupées par les forces arabes. Leurs biens pourront revenir à la « Garde des propriétés de l’ennemi. »
L’addition des biens confisqués aux arabes est impressionnante, 299.000 hectares de terres désertées, 73.000 pièces d’habitations dans des maisons arabes abandonnées, 8700 magasins et ateliers n’ayant plus de propriétaires. Quant aux comptes en banque gelés par le gouvernement israélien, leur montant atteignait 5 millions de livres.
 
La manne arabe tombait à point nommé : Israël accueille 100.000 juifs entre le 15 mai et le 31 décembre 1948 (ainsi 45.000 sont logés à Jaffa, 40.000 à Haïfa, 5.000 à Acre, remplaçant les autochtones et occupant leurs maisons), puis 239.576 en 1949, 170.249 en 1950, et 175.095 en 1951, soit 686.748 en quatre ans – une augmentation de 220% de sa population.
 
Pendant la guerre israélo-arabe de 1967, Israël s’empare des dernières régions de la Palestine demeurées sous contrôle arabe, la Cisjordanie (Jordanie), Gaza (Egypte) et annexe aussitôt la partie arabe de Jérusalem. Les palestiniens n’ont désormais plus d’autre choix que l’occupation ou l’exil. Nouvel guerre, nouvel exode : 200.000 palestiniens dont la moitié était déjà réfugiés depuis 1948 en cisjordanie, passent le Jourdain pour se réfugier en Jordanie. Ils ne seront pas autorisés à rentrer chez eux après les hostilités de , comme ce fut le cas après la guerre de 1948-1949.

LES REFUGIES PALESTINIENS AU LIBAN :
Réfugiés sans terre, sans droits, et sans avenir. Privés de leurs droits fondamentaux, des générations de réfugiée s’entassent depuis 1948 dans ces camps. Seule liberté : l’espoir de regagner une Palestine que les plus jeunes n’ont jamais connue ou simplement de mener un jour une vie normale.
Plus de 400.000 réfugiés au Liban soit 10% de la population du pays, répartis dans douze camps officiels et 40 regroupements. Les familles qui ont tout perdu pendant les guerres du Liban, qui ont été chassées des camps détruits par les Israéliens ou pendant les différentes guerres du Liban (Tal el Zatar, Nabatyie, Chatila)et qui n’ont jamais retrouvé de place dans les autres camps se sont regroupées illégalement, sur des terrains au bord des routes, ou au bord des plages, c’est ce qu’on appelle un regroupement, et qui ne bénéficie pas d’aide.
 
Les camps officiels et le nombre de réfugiés officiellement enregistrés auprès de l’UNRWA, organisme des Nations Unies, chargé d’assurer les besoins des réfugiés :

Nahr el Bared 31028 Bourj el Barajneh 20405
Baddawi 16198 Mieh-Mieh 5037
Wavell 7553 Aïn El Héloué 45337
Dbayeh 4211 Bourj el Shamali 20405
Mar Elias 1411 El Buss 10107
Sabra et Chatila 12235 Rashidieh 23380
Regroupements non officiels (estimation) 10092
(Source tableau UNRWA 2003)

A ces réfugiés officiels viennent se rajouter les réfugiés de la guerre de 1967, les réfugiés de la guerre de Jordanie (Septembre noir de1970) et les réfugiés de la guerre d’Irak de 1991, plus tous les réfugiés non inscrits, soit plus vraisemblablement un chiffre autour de 400.000 personnes.
Depuis le début de l’exil, les autorités libanaises se sont toujours efforcées de marginaliser les réfugiés palestiniens. Et au fil du temps une véritable politique de discrimination s’est renforcée, venant s’ajouter aux difficultés économiques du pays et qui frappent de plein fouet le peuple de la rue dans son ensemble.
Les gouvernements libanais ont toujours redoutés de voir les réfugiés palestiniens s’implanter sur leur terre, et il ne faut pas négliger un indéniable sentiment anti palestinien largement partagé par une frange de la société libanaise qui soupçonnait l’OLP d’Arafat de vouloir instituer un Etat dans l’Etat dans les années 70.
Comme il se dit au Liban, les Palestiniens n’ont que le droit de résider et de mourir. Une formule à peine exagérée devant la liste d’interdits dictés par la loi libanaise : interdiction d’exercer pas moins de soixante dix métiers, interdiction de devenir propriétaire d’un logement, interdiction d’association sans membres libanais, interdiction de prendre part à la vie politique, admissions dans les écoles supérieures suivant quotas etc… et sans compter la décision du gouvernement libanais de ne jamais reconstruire les camps détruits pendant la guerre des années 80, de ne pas bâtir de nouveaux camps, ni d’agrandir les camps existants et de limiter les services de base (Eau, électricité, téléphone.)
Il est à noter que nous arrivons maintenant à la quatrième génération de personnes vivant dans les camps qui n’ont pas changé de surfaces, les camps depuis quelques années s’élèvent en hauteur de façon impressionnante surtout dans les camps de Beyrouth, d’où une concentration humaine inimaginable.
 
En conclusion de cet article, je relèverai les mots de jeunes d’un camp : « Nous les jeunes, nous n’avons connu que le camp et rien d’autre notre seul but est de sortir d’ici et de retrouver la Palestine, mais il faut aussi calmer les ardeurs des jeunes exaspérés par le conflit israélo-arabe et obsédés par le fantasme du départ. Tous rêvent de trouver cinq mille dollars, d’embarquer clandestinement à Beyrouth et de filer vers la Turquie ou les pays Scandinaves, en attendant « les retrouvailles avec la terre volée par Israël. »
 
Claude Henaff le 10/03/09
 
Bibliographie :
Revue ETHNO.(Palestiniens, chronique de la vie quotidienne)
Revue Histoire et Patrimoine.(Histoire du peuple juif)
Comment Israël expulsa les Palestiniens.(D.Vidal)
La Déchirure libanaise.(Nadine Picaudou)
Le mur de Sharon.(Alain Ménargues)